Droit d'usage et discrimination / titres repas

Amplitude horaire - Objectifs excessifs - Harcèlement - Discrimination ...

Modérateurs : P.M., Lauréline

lupus
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Droit d'usage et discrimination / titres repas

Message par lupus » 09 juillet 2010, 17:22

Bonjour,
(et merci à "lauréline" pour m'avoir indiqué ce forum! ;) ).
Je surlignes mes questions pour que vous puissiez vous y retrouver dans ma tirade...

Voilà, mon employeur a toujours distribué des titres-repas (nombre égal, montant égal) à tous les salariés (<10 employés) depuis plus de 7 ans maintenant. Or, à partir de juillet, nous sommes deux salariés auxquels l'employeur décide de ne plus octroyer de titres-repas, sans nous avoir demandé notre accord et sans nous en avoir informé officiellement.

1/ Est-ce légal de prendre une telle décision et de faire une telle distinction entre salariés (nous avons tous les mêmes horaires et à peu près le même travail) ?

J'ai cherché sur le FAQ du groupe C..... D......., mais je n'ai trouvé que cette réponse, que je trouve encore assez énigmatique: "La décision d'octroyer ou non des titres restaurant relève de la seule responsabilité de l'employeur. " Cela signifie qu’il peut ou non décider de distribuer des titres-repas, mais cela n’indique pas s’il doit les distribuer à tous les salariés ou à seulement quelques uns. Je viens par ailleurs d'avoir une réponse à un mail envoyé au groupe "C..... D......." qui me réponds simplement qu'"effectivement l'employeur a la possibilité de ne pas vous donner des chèques déjeuner si vous disposez d'une cantine. Maintenant sur le fait que l'employeur ne vous en donne plus, nous ne somme pas en mesure de vous répondre et vous conseillons de demander des explications. Cordialement, Le Service Clientèle."
2/ Est-ce que quelqu'un peut me répondre sur la question des "droits d'usage" (en était-ce un?) et de la différenciation entre les salariés (est-ce légal? justifié?)?

Il me faut tout de même indiquer 3 remarques importantes pour être complète:
- Nous sommes moins de 10 salariés et nous avons un local adapté pour nous restaurer, mais cela s’applique à tous les salariés. Je ne comprends pas en quoi il pourrait alors y avoir une distinction entre les salariés sur la distribution des chèques.
- Pour être complète, il y a effectivement un conflit sous-jacent dans l’entreprise car nous sommes deux à avoir annoncé que nous désirions quitter l’entreprise (mésentente entre collègues et avec la politique de l’entreprise), mais pour le moment, aucune démarche officielle n’a été engagée : nous sommes toujours salariés de l’entreprise, au même titre que les autres.
- Une troisième salariée voit également sa remise de titres-repas stoppée mais elle est en congés maternité jusqu'au mois de mars. Or, j'ai cru comprendre que pour les titres-repas, il fallait déduire les congés et RTT mais faut-il également déduire les jours de maladie? (j'imagine que oui, logiquement....)

....Pour compléter, je viens de lire un article de jurisprudence sur un site internet. L’article est relatif aux chèques vacances mais j’interprète la conclusion pour les chèques déjeuner en retenant la notion « d’usage » : "C'est sans dénaturation des documents de souscription annuelle aux chèques-vacances par les salariés intéressés que le conseil de prud'hommes retient, par une appréciation souveraine des éléments soumis à son examen, qu'il existait un usage au sein de l'entreprise répondant aux critères de généralité, de constance et de fixité, fixant le montant maximum de cotisation de chaque salarié et donc le montant de l'abondement de l'employeur. C'est à bon droit que le conseil de prud'hommes décide ensuite, en l'absence de dénonciation régulière de l'usage, que sa modification n'était pas opposable aux salariés et de leur allouer des dommages-intérêts. Soc. - 25 février 2009. REJET. N° 07-45.447 à 07-45.455, 07-45.458 et 07-45.459. - CPH Paris, 16 octobre 2007. "

Cela concerne donc effectivement les chèques-vacances, mais j'imagine que ça ne change pas grand chose à ma question. Je crois comprendre que s'il y a un usage de donner des chèques-XY aux salariés, régulièrement et d'un montant régulier, ça passe pour une sorte de "règle", un "accord tacite" qu'on ne peut pas balayer comme ça, non (j'ai vu qu'il y a une procédure particulière pour dénoncer un usage)?

3/ Dernière question: puisque j'ai par ailleurs l'intention de quitter mon entreprise (licenciement+transaction ou rupture conventionnelle, voire démission s'il faut aller jusque là), comment pourrais-je "utiliser" cette histoire de titres-repas? J'admets que cette question soit assez désuète, surtout qu'il me semble que je dois rendre les titres-repas non utilisés à mon employeur( par exemple, si je démissionne et que j'ai eu un "trop perçu", mais bon, c'est une histoire de principe
Peut être pouvez vous m’apporter des éléments juridiques que je n’arrive pas à trouver par ailleurs.

Merci d'avance

lupus

P.M.
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Re: Droit d'usage et discrimination / titres-repas

Message par P.M. » 09 juillet 2010, 17:58

Bonjour,
Déjà, effectivement, la suppression d'un usage dans l'entreprise ne peut se faire sans respecter un certain formalisme ce qu'a rappelé la Cour de Cassation, comme vous l'avez judicieusement retenu, même s'il s'agit en l'occurrence de chèques-vacances...
A ce sujet, je vous propose ce dossier 1

Mais votre sujet va au-delà car l'employeur ne pouvait pas semble-t-il réserver l'octroi des titres-repas à une partie du Personnel dans les conditions où il l'a fait et je vous propose ce dossier 2 sachant qu'ils ne doivent être délivrés que pour les jours travaillés en excluant toutes les périodes d'absence...

Si vous ne criez pas trop fort que vous voulez quitter l'entreprise, ce que l'employeur pourrait considérer comme une démission, si vous le faîtes d'une manière suffisamment précise, vous pourriez avec précautions invoquer cela pour prendre acte de la rupture du contrat de travail aux torts de l'employeur, ce qui correspond à un licenciement, mais avec le risque que le Conseil de Prud'Hommes considère cela comme une démission...
Cordialement.
Cordialement.
P. M.

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Lauréline
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Re: Droit d'usage et discrimination / titres repas

Message par Lauréline » 10 juillet 2010, 08:53

Bonjour lupus,

J'ajouterai à la réponse de PM que si l'octroi de titre repas est mentionné dans votre contrat de travail comme cela peut se faire , votre
employeur ne peut plus les retirer sans votre accord et sans contrepartie financière puisque , de ce fait , les titre repas sont un élément
contractuel de votre salaire .
Cordialement,
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lupus
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Re: Droit d'usage et discrimination / titres repas

Message par lupus » 10 juillet 2010, 10:40

Bonjour et merci pour ces éclairages.

Pour compléter et répondre à Lauréline: non, les titres-repas ne figure pas dans mon contrat de travail.
Pour PM, j'ai regardé les dossiers indiqués, et notamment au sujet du dossier 2 sur les chèques restaurants: plusierus questions me viennent alors pour être sûre de moi:
"sachant que les CD ne doivent être délivrés que pour les jours travaillés en excluant toutes les périodes d'absence...": dans mon cas, la distribution des titres-repas est réalisée en 2 fois dans l'année, 1x en janvier et une fois en juillet, chaque distribution couvrant une période de six mois (c'est une facilité administrative pour éviter de gfaire une commande par mois). Le nombre de chèques inclue la déduction des 25 jours de CP annuels (mais ne peux évidemment pas intégrer les jours de maladie ou de formation...). Dans ce cas, il est probablement déjà arrivé par le passé (il faudrait que je vérifie) qu'une personne ait travaillé moins de 15 jours dans un mois, en ayant quand même bénéficié des CD correspondants. Est ce que la citation du dossier 2 pourrait alors être remise eun cause justement en raison de cet "usage"?

En revanche, pour la séparation avec l'employeur, nous lui avons clairement annoncé que nous voulions partir mais lui avons proposé une rupture négociée qu'il refuse pour le moment en voulant que nous démissionnions. Pour l'instant, nous n'avons engagé aucune démarche car nous souhaiterions bénéficier des assedics... nous ne pouvons donc pas, décemment, invoquer cela pour prendre acte de la rupture du contrat de travail aux torts de l'employeur.
Mais une autre porte de sortie se profile à l'horizon sur le même fait "d'usage" (mais là, le thème de la question s'élargit et devrait trouver sa place ailleurs dans le forum j'imagine): nous avions l'ahbitude, en tant que SCOP, à reditribuer le bénéfice annuel en fonction de la rentabilité de chacun. Une prime a donc été votée pour l'année 2009 et inscrite au bilan, mais pour l'instant, elle n'est toujours pas versée, pour personne d'ailleurs...

je vous tiens au courant et posterais sans doute une question dans la rubrique du forum consacrée aux licenciements ou démission, voire à la création d'entreprise (avec la question de la clause de non concurrence...) hé oui, tout en m^mee temps!

merci en tout cas!

lupus.

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Lauréline
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Re: Droit d'usage et discrimination / titres repas

Message par Lauréline » 10 juillet 2010, 10:58

Bonjour,

Le dossier n° 2 fait référence aux critères d'attribution : la CC a estimé qu'une présence minimale de 15 jours mensuel en était un .
Encore faut il connaitre ceux déterminés par votre employeur ?
Vous pouvez lui adresser un courrier en ce sens .
Cela permettrait de savoir pourquoi des salariés en sont exclus et d'autres pas .
D'autre part une distribution bi annuelle ne devrait pas exclure des régularisations selon les absences : en cas de contrôle d'Urssaf cela ne pardonne pas .

Concernant la prime, si votée et inscrite au bilan , il faudrait connaitre les modaltés de règlement .
Vous pouvez également , sur le m^me courrier , demander des précisions à ce sujet.
Cordialement,
actualités

P.M.
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Re: Droit d'usage et discrimination / titres repas

Message par P.M. » 10 juillet 2010, 11:56

lupus a écrit :Bonjour et merci pour ces éclairages.

Pour compléter et répondre à Lauréline: non, les titres repas ne figure pas dans mon contrat de travail.
Pour PM, j'ai regardé les dossiers indiqués, et notamment au sujet du dossier 2 sur les titres-repas : plusierus questions me viennent alors pour être sûre de moi:
"sachant que les CD ne doivent être délivrés que pour les jours travaillés en excluant toutes les périodes d'absence...": dans mon cas, la distribution des titres-repas est réalisée en 2 fois dans l'année, 1x en janvier et une fois en juillet, chaque distribution couvrant une période de six mois (c'est une facilité administrative pour éviter de gfaire une commande par mois). Le nombre de chèques inclue la déduction des 25 jours de CP annuels (mais ne peux évidemment pas intégrer les jours de maladie ou de formation...). Dans ce cas, il est probablement déjà arrivé par le passé (il faudrait que je vérifie) qu'une personne ait travaillé moins de 15 jours dans un mois, en ayant quand même bénéficié des CD correspondants. Est ce que la citation du dossier 2 pourrait alors être remise eun cause justement en raison de cet "usage"?

En revanche, pour la séparation avec l'employeur, nous lui avons clairement annoncé que nous voulions partir mais lui avons proposé une rupture négociée qu'il refuse pour le moment en voulant que nous démissionnions. Pour l'instant, nous n'avons engagé aucune démarche car nous souhaiterions bénéficier des assedics... nous ne pouvons donc pas, décemment, invoquer cela pour prendre acte de la rupture du contrat de travail aux torts de l'employeur.
Mais une autre porte de sortie se profile à l'horizon sur le même fait "d'usage" (mais là, le thème de la question s'élargit et devrait trouver sa place ailleurs dans le forum j'imagine): nous avions l'ahbitude, en tant que SCOP, à reditribuer le bénéfice annuel en fonction de la rentabilité de chacun. Une prime a donc été votée pour l'année 2009 et inscrite au bilan, mais pour l'instant, elle n'est toujours pas versée, pour personne d'ailleurs...

je vous tiens au courant et posterais sans doute une question dans la rubrique du forum consacrée aux licenciements ou démission, voire à la création d'entreprise (avec la question de la clause de non concurrence...) hé oui, tout en m^mee temps!

merci en tout cas!

lupus.
Bonjour,
Les critères d'attribution des titres-repas doivent être clairement définis à l'avance et l'employeur ne peut pas maintenant en ajouter comme celui pris en compte par la Cour de Cassation dans une situation bien précise...
J'ajoute que normalement les jours de formation ne sont pas à considérer comme des absences sauf si les repas y sont indemnisés séparément ou offerts par l'organisme...
Même si cela se fait sur une longue période (ce qui n'est guère pratique), la régularisation est normalement obligatoire pour maintenir l'exonération de charges sociales...
Dans le cas qui nous intéresse, il semble que l'exclusion de deux salariés du bénéfice de titres-repas sous le seul prétexte qu'ils ont exprimés le désir de quitter l'entreprise ne soit pas constitué par un élément objectif...

Pour le reste, je pense qu'il serait effectivement plus clair d'ouvrir un nouveau sujet...
Cordialement.
Cordialement.
P. M.

Lacour
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Re: Droit d'usage et discrimination / titres repas

Message par Lacour » 14 juillet 2010, 10:28

Bonjour.
Il faudrait déjà savoir quelle raison officielle l'employeur donne.
Mais à mon avis, dans ce cas, l'employeur commet deux fautes:
- celle de supprimer un avantage sans respecter les règles,
- une discrimination.
Sous réserves d'autres éléments qu'on n'aurait pas.
Personnellement, je ferais un courrier recommandé AR pour demander les raisons de ce traitement.
Après, on conseille suivant la réponse...

P.M.
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Re: Droit d'usage et discrimination / titres repas

Message par P.M. » 14 juillet 2010, 10:44

Lacour a écrit :Bonjour.
Il faudrait déjà savoir quelle raison officielle l'employeur donne.
Mais à mon avis, dans ce cas, l'employeur commet deux fautes:
- celle de supprimer un avantage sans respecter les règles,
- une discrimination.
Sous réserves d'autres éléments qu'on n'aurait pas.
Personnellement, je ferais un courrier recommandé AR pour demander les raisons de ce traitement.
Après, on conseille suivant la réponse...
Bonjour,
C'est effectivement ce qui a déjà été dit pour les fautes apparemment commises par l'employeur...
Les informations données n'avaient pour seul but que l'interpellation de l'employeur puisse se faire en connaissance de cause...
Cordialement.
Cordialement.
P. M.

lupus
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Re: Droit d'usage et discrimination / titres repas

Message par lupus » 19 juillet 2010, 18:44

Je voudrais effectivement demander les raisons à l'employeur, mais je me demande s'il vaut mieux, dans mon intérêt, que je le fasse maintenant, alors que je suis sur le point de démissionner, ou s'il est préférable que j'attende de recevoir mon solde de tout compte pour le contester...
Le mois de juillet est déjà bien entamé et j'aurais déjà du pouvoir en bénéficier...

Lupus.

P.M.
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Re: Droit d'usage et discrimination / titres repas

Message par P.M. » 19 juillet 2010, 18:57

lupus a écrit :Je voudrais effectivement demander les raisons à l'employeur, mais je me demande s'il vaut mieux, dans mon intérêt, que je le fasse maintenant, alors que je suis sur le point de démissionner, ou s'il est préférable que j'attende de recevoir mon solde de tout compte pour le contester...
Le mois de juillet est déjà bien entamé et j'aurais déjà du pouvoir en bénéficier...

Lupus.
Bonjour,
C'est à vous de voir, mais si vous démissionnez, surtout si vous n'effectuez pas le préavis, les conséquences seront relativement minimes...
Votre demande de régularisation serait bien entendue rétroactive et pourrait constituer par ailleurs un moyen de pression...
Cordialement.
P. M.

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